Moi, dans les ruines rouges du siècle, puissante et fascinante
Sasha Samar entame la pièce en se demandant si c’est lui qui nous raconte une histoire, ou si c’est l’histoire qui se raconte à travers lui. Moi, dans les ruines rouges du siècle, c’est son histoire, sa vie, entamée en 1969 en plein milieu de bouleversements historiques au niveau mondial, mais également personnel. L’histoire se déroule en Ukraine, à travers la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la chute de l’URSS, l’enrôlement au service militaire obligatoire, en plus de tous les drames vécus par le comédien ukrainien. La première de la pièce a eu lieu cette semaine, et elle mérite d’être vue.
On assiste à des années de la vie de Sasha Samar, qui a été kidnappé par son père alors qu’il était tout jeune. Ce dernier tente de lui trouver une nouvelle mère, mais les choses se gâtent. Sasha rêve de devenir célèbre, afin que sa mère le reconnaisse. Est-ce qu’il ira sur la lune comme son héros Gargarine? Deviendra-t-il un joueur célèbre de hockey? Retrouvera-t-il enfin sa mère? On multiplie les bouleversements, les découvertes, les liens tissés.
Moi, dans les ruines rouges du siècle n’est pas une pièce à laquelle on assiste passivement. On la vit, on devient la pièce, un peu comme la foule au hockey devient le septième joueur. J’ai d’ailleurs réalisé que pour la première fois au théâtre, j’ai pleuré et même temps que j’ai ri. Je n’ai pas pleuré de rire, ni vice-versa. L’auteur, Olivier Kemeid, a été habile afin de teinter la trame dramatique d’humour.
Dans le rôle de son père, Jean Maheux est convaincant et brillant sur scène, malgré son rôle difficile. Sa mère, Marie-France Lambert, est touchante et vibrante. Que dire de Sophie Cadieux dans le rôle de son amoureuse, tellement explosive et entière. Le jeu des acteurs et actrices est mis à l’honneur par la mise en scène d’Olivier Kemeid.
Les mots de Kemeid combinés avec la sensibilité de Sasha Samar rendent cette pièce émotivement poignante et nous poussent à porter un regard sur des réalités qui nous sont moins connues, mais tout autant réelles. Le décor est simple, et s’adapte bien à la pièce, sans avoir besoin de se transformer.
« Ce n’est ni l’effondrement du bloc soviétique ni les discours de Lénine qui m’ont tant attiré, mais l’histoire intime de Sasha. Sa tragédie familiale, avec bien sûr en arrière-fond tout le décor de l’Histoire, mais avant tout, l’odyssée d’un homme, seul, perdu dans les ruines… » — Olivier Kemeid, auteur et metteur en scène
Moi, dans les ruines rouges du siècle
Jusqu’au 30 mars 2024, au théâtre Duceppe
https://duceppe.com/moi-dans-les-ruines-rouges-du-siecle/