Tremblements : Debbie Lynch-White plus grande que nature
Une performance déchirante à vivre au Théâtre Espace Go
Christopher Morris, l’auteur de la pièce Tremblements, a voyagé dans des espaces lumineux, mais plus souvent abyssaux. Le travail qu’il a effectué est colossal : suivre une infirmière de Médecins Sans Frontières (MSF) avant, pendant et après ses deux premières missions humanitaire à l’étranger. Debbie Lynch-White incarne cette âme charitable, Marie, de retour de missions. Elle est traumatisée par ce qu’elle a vécu. En choc post-traumatique, elle fait un bilan de l’aide apportée là-bas. Et le constat est consternant.
Seule, sur une plateforme ronde en constante rotation, Debbie Lynch-White livre une performance qui déchire le coeur. J’ai dû combattre à plusieurs reprises les larmes, ne voulant pas que mes reniflements viennent perturber l’atmosphère thaumaturgique. Seule, sur une plateforme ronde en constante rotation, Marie s’époumone, se livre à un combat viscéral, contemplant ce qui reste de ses voyages humanitaires.
Christopher Morris a fait le travail colossal de mettre en mots l’expérience de l’aide humanitaire, à travers le regard de Liza Courtois, l’infirmière qu’il a suivi. Cette montréalaise a accepté de se dévoiler et de partager son expérience.
Elle s’est en allé en mission en République centrafricaine, et après avoir été virée, à bord de l’Aquarius, navire consacré au sauvetage des migrants sur la Méditerranée.
Tremblements, une pièce bouleverse
Si Tremblements est si bouleversante, c’est qu’elle met en lumière un paradoxe gigantesque : à quel point l’acte d’aider est-il positif? Cette infirmière meurtrie par ce qu’elle a vécu ne gardera pas beaucoup de réconfort de son expérience. Elle se demandera si son aide n’a pas été en vain, ou pire, s’il n’a pas contribué à la perte de certaines personnes.
Toujours en mouvement sur sa plateforme rotative, Marie tente de garder la cadence. Elle essaie d’avancer sur son chemin pavé de détresse. À bout de souffle, elle réussit toutefois à cracher toute sa véhémence. La mise en scène d’Édith Patenaude est réussie.
Cette plateforme, elle m’a semblé être cette Terre qui tourne et tourne toujours, malgré les atrocités qui s’y déroulent. Le fait que la pièce soit présentée pendant une crise humanitaire sans précédent la rend d’autant plus déchirante et angoissante.
J’y ai quand même perçu une touche d’espoir. Une petite faille d’où pourrait jaillir la lumière.
Pour plus de renseignements ou pour acheter des billets : https://espacego.com/les-spectacles/2023-2024/tremblements
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